Au Japon où le sens du cheminement, de l’itinéraire, le michiyuki imprègne tant la culture de l’espace, choisir de vivre à Tôkyô, en relater sa découverte est une histoire d’étapes. Manuel Tardits expose sa démarche :
Première étape : un intérêt assez académique pour cette autre ville, cette autre manière de concevoir la ville. Exceptée la période contemporaine, les grandes cités orientales ou occidentales tiennent le plus souvent d’un équilibre entre de grands desseins urbains et le patchwork de quartiers d’époques et de styles différents.
Deuxième étape : Peut-on comparer, comprendre même, l’essence, les fondements culturels de cette ville ? Tôkyô reste-t-elle une Madame Chrysanthème avec ses successions d’étrangetés ?
Troisième étape : devenir ethnographe, oeil dans la ville, porté par le désir plus fondamental d’en saisir la subtile mécanique, les linéaments de cette urbanité différente. Il faut la parcourir et même souvent s’y perdre.
Dernière étape : conserver toujours et précieusement la fraîcheur des premiers étonnements devant la profusion urbaine, et saisir à travers la nuée des petits faits urbains caduques les grandes structures persistantes.
Tôkyô - Portraits & Fictions est aussi un excellent guide pour découvrir la capitale japonaise. Manuel Tardits en explore les « classiques », les derniers aménagements
Tôkyô Portraits & Fictions – M. Tardits / N. Takahashi, S. Lagré - Ed. Le Gac Press, Nov.2011, 320 pages, 18 €
Deux architectes, Manuel Tardits (français installé au japon depuis 25 ans) et Stéphane Lagré (nantais) ainsi qu’un artiste, Nobumasa Takahashi (tokyoïte) ont choisi de nous faire découvrir Tôkyô par étapes, en passant de l’intérêt classique pour les grands ensembles urbains à un travail pointu visant la compréhension de l’essence et des fondements culturels d’une ville, la façon dont elle est vécue et habitée par l’homme depuis les civilisations les plus anciennes jusqu’à l’ère contemporaine et ses mutations à grande vitesse. A chaque chapitre (une ou deux pages maximum) une entrée par la langue, un mots ou un concept (Géométrie, Entropie, Ville, Estampes, Sakariba littéralement un lieu plein d’animation, Héroïsme, Catastrophe, Limites, Sukima ou l’interstice, Promenade etc.), des notes explicatives pour une immersion totale dans la sémantique locale, et un fil rouge, l’étonnement, devant la profusion urbaine. Une tentative très réussie de rendre compte de l’armature qui sous tend la ville tentaculaire et ses légendes devenues réalités. Ou de la révolution dans la forme pour accéder au merveilleux. Appuyé par une iconographie multiple (photos, graphisme, écritures, plans, montages, signes, sigles), Tôkyô Portraits & Fictions témoigne du grand art de la transversalité en littérature, prospective toute culturelle éminemment louable et fascinante.
Marie Fritsch – Librairie Comme un roman
STUPEUR ET CHEMINEMENT
UN PARCOURS INATTENDU ET UNE LECTURE DE LA VILLE ET DE LA VIE TOKYOTTES INSOLITE DANS LA FORME ET LE TON
Manuel Tardits, architecte français installé au Japon depuis près de 30 ans, livre un ouvrage - une idée d'il y a longtemps - sur sa perception de Tokyo, et ce à la fois au quotidien et avec le recul de son expérience profonde de la vie tokyoïte. Dans cet objectif, il a accumulé depuis plusieurs années, notes descriptives et réflexions, et les a rassemblées et classées en quatre étapes par mots clefs réunis dans 82 chapitres qui eux-mêmes se déclinent en explications de termes divers. Si cette lecture est loin d'être fluide - d'autant que les multiples notes qui interviennent dans le champ visuel brouillent un peu la perception - il n'en reste pas moins que picorer du texte parmi des entrées telles géométries, essence, ombre, labyrinthe, firmament, tradition, sur les toits, du sublime, architectes... représente un parcours inattendu et une lecture de la ville et de la vie tokyoïtes, riche de sens multiples, assez insolite dans sa forme comme dans son ton. Le récit est ponctué de doubles pages d'illustrations réalisées par Nobumasa Takahashi, artiste qui dessine sa ville avec humour et Stéphane Lagré, architecte qui propose des montages photographiques de l'espace urbain très dense de Tokyo. C.S.-F
www.librairiedumoniteur.com AMC n°210 – Novembre 2011
http://www.myspace.com/groundproject
GROUND : la véritable histoire de Ground par ses acteurs même >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>
Ground Guitares, Romain Rousseau (Samourai Sonore), Pascal Riffaud (Paula Cardiffs),
Batterie, Stéphane Lagré (Elegant Shaper)
TEASER
Formé par trois étudiants en architecture en 1993, Ground se présente sous la forme d’un power-trio guitares-batterie. Nourri au «guitarorisme» de Sonic Youth, Glenn Branca, My bloody valentine et de Rhys Chattam, au Rock caverneux de Suicide, aux rythmes tribaux de Can, Ground se présente comme un groupe «noise», «post-punk». Sonique et à la couleur âpre, leur musique se construit autour de protocoles arbitraires qui n'ont pour finalité que leur propre confrontation critique: un larsen dialectique. Depuis près de vingt ans, ils traversent le déserts du son en prenant grand soin d’effacer les traces qu’ils laissent sur leur passage. Refusant par conviction aussi bien que par fainéantise le système des « labels », ils laissent ça et là quelques K7, CDR ou vinyles autoproduits dans la digne lignée du punk. En 2009, après un voyage d’étude vers l’électro-punk-atonale-minimaliste, Ground retourne à ses bases. Le champ expérimental doit clairement rester Rock. Entre amour et Haine, les Ground convoquent ensemble la continuité du Rock et sa destruction cherchant un lieu qu’ils ne souhaitent pas trouver. Ground n’a pas de future. Ground est postmoderne et s’élabore autour de débris culturels hasardeux. Tantôt musique improvisée, rock sonique hanté de « no wave », leur son flirte avec la crasse du Bayou ou la sécheresse du lac Monolake. Mais pourquoi Ground est-il encore vivant ? Certainement parce qu’il s’agit là d’un projet plus que d’un groupe : une espèce de cercle littéraire d’un nouveau genre où l’on parle peu et où se développe une pratique toujours « anti » sans être « contre » : un livre lu dans le désordre, une attitude.
GROUND : s/t (Set/30' records 2012)
Artwork by Warmgrey
Critique Publiée par STNT le 4 Septembre, 2012 - 22:32
Que ne fut pas ma surprise de recevoir un tel objet dans ma boite aux lettres... 180 grammes de vinyle d'une musique qui tourne en 45 tours et embaumé d'un bruitisme a faire rougir un grain de raisin blanc. GROUND est un trio nantais, du terroir Noise, à la NO WAVE bien pendante, qui sait faire vivre les grains du bruit, qui sait que le 45 tours sait rendre la dynamique et faire bourgeonner les distorsions quand l'enregistrement réussi. L'âge de cette cuvée tire facile sur la trentaine (GROUND a été créé en 1993 !!!), le vin blanc à cet âge est venimeux mais les bonnes cuvées de vins rouges ont de quoi transformer l'âge en compliment... Et GROUND a ici exactement le tanin qu'il me faut. Une musique sévère, sèche et rêche qui sait se rendre liquoreuse quand l'eau vient à manquer tellement la course est folle. "Chose to the edge" a ce vrai pouvoir. Sous des faux airs de chants à la YOUNG GODS, des mélodies fleurissent, rappelant autant SONIC YOUTH que MY BLOODY VALENTINE dans un ciel crachant du BRAINBOMBS transpirant et bien pesant... Les 6 titres lorgnent vers la noise/no wave de chez LOAD, pendant raffut de guitare et ont un sacré pouvoir envoutant. Le punk, la noise, la no wave avec cette mini touche de féminité, moi je dis que GROUND a tapé juste et fort vêtu de la sorte. Set/30' est un label (dont GROUND est sa première référence) mais aussi des soirées proposées sur Nantes souvent au BlockhausDY10 le vendredi soir (mais pas que...) où se cotoient sets élaborés et/ ou Noise des plus furieuses et/ou expérimentations aux goûts les plus pointus...
Cover and back painting by Florian & Michael Quistrebert / Courtesy galerie Crèvecoeur - Photography by S. Bellanger
Mémoire de DPEA architecture et philosophie
ENSA Paris la Villette – Septembre 2010
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PLANCHES PDF (lisibles sur un écran 19 pouces)
Je livre mon mémoire quasiment dans son état original. Il sera bientôt modifié. Deux textes sont en préparation : le premier remplacera le chapitre « Des Atlantide de nos aires de pierre » dont le collage des auteurs est trop radical et le sens que je projette pas assez précisé ; quant à l’autre, il complètera à la fin, « La ville comme milieu et comme paysage », le glissement de l'homme séparé de la nature vers une vie vécue comme fiction (trois films seront évoqués notamment - Gerry de Gus Van Sant ; Into the wild déjà utilisé dans REMAKES ; The swimmer enfin).
Date : 27/09/2010 12:01
Pour : Chris Younes et Jacques Boulet – DPEA architecture & philosophie.
La thèse d’une solution de continuité historique du paysage glissant du naturel au construit à été très fortement critiquée, voire même rejetée – solution qui exprimerait pourtant bien l’actualité d’une sensibilité plastique envisagée simplement cohérente avec l’expérience des milieux les plus urbanisés, avec ce qui peut être maintenant considéré comme une immersion intégrale dans l’artifice, pris que nous sommes dans cet univers artificiel qu’est la ville, à plus forte raison quand la ville est devenue ce qu’elle est maintenant dans de nombreux et vastes endroits, ce qu’on en a fait à l’ère de l’urbain, la métropole – la ville-mère, engeance romaine. L’expérience du milieu urbain, surtout quand il devient un milieu intégral, là où il arrive à coloniser tout l’espace, ne peut que déterminer la conscience : par exemple, c’est un trait de la civilisation, il est indéniable que ce qu’hier on allait chercher dans la nature, conscient au minimum qu’il fallait la cultiver pour en obtenir certains fruits, on va aujourd’hui le chercher spontanément dans les circuits de distribution, la plupart du temps aveugles au fait que toute chose doive nécessairement provenir de la nature. Le phénomène n’est pas nouveau, il se radicalise. Il est suggéré qu’un certain artificialisme s’installe dans les mentalités : moins la tendance à croire que les phénomènes naturels sont l'œuvre de l'homme, comme c’est le cas à un stade du développement de l’enfant, que la croyance selon laquelle toute chose est désormais fabriquée artificiellement. Ce monde est dans l’enfance – l’enfance ? Mais c’est ici ; nous n’en sortons pas. Ces milieux très fortement urbanisés sont maintenant le cadre de vie d’une major partie de la population qui n’aura jamais rien connu d’autre, n’aura en outre pas pu, voire même pas voulu, côtoyer ce que l’on se sera jusque-là représenté être la nature : les visions bucoliques de coins de nature, animaux et plantes, ce domaine qu’on suggère épargné par la main de l’homme – l’idée d’une nature encore intacte est pourtant un leurre, il ne peut évidemment plus s’agir aujourd’hui que d’une fiction, bien plus sûrement que d’un mythe ; traditionnellement du regard porté sur une campagne envisagée à contre sens, par un effet de monde, comme un environnement naturel, et in Arcadia ego, forclusion faite du travail paysan, de l’action humaine sur le monde naturel et les métamorphoses qu’il a subi. Si, dans l’effet de monde propre à la culture qui est aujourd’hui devenue prédominante, c’est en tant que paysage que l’environnement nous apparaît, ou bien alors l’urbain accède au paysage, ou bien l’émotion paysagère est condamnée. L’urbain devenu horizon signe la mort synthétique de la ville et de la campagne. On semble accepter l’éloignement de ce que l’on se représentait être la nature au-delà de cet horizon. L’idée en revanche qu’il puisse s’opérer à terme une forclusion des représentations de la nature avec laquelle on n’a plus de relation vous paraît effroyable, pour vous la thèse est inacceptable - la nature demeure pourtant conforme à son propre vouloir, il ne s’agit pas, pour moi, d’attenter à la nature plus que mes contemporains. Il s’agit du fait de ne plus voir la nature, non pas de la faire disparaître. Cette idée passe pour une provocation, cette conception ferait de moi quelqu’un de doctrinal. Je me place avant tout sur le plan de l’esthétique du paysage : que notre regard se déplace à mesure que nos représentations s’alignent sur l’expérience objective d’un milieu toujours plus artificiel me paraît tout à fait pensable, sans pour autant qu’on puisse me taxer d’antinaturaliste doctrinal.
La vision est tragique. Le monde est tel qu’il est, je n’ai pas vraiment de prise individuelle sur lui, sinon qu’il est aussi ma représentation, il est avant tout la matière brute de ma réflexion, évidemment l’objet d’une contemplation, le réel qu’on saisit par le sens : il offre de nouvelles prises, il est riche de nouveaux potentiels que je peux accueillir. Cette réflexion n’est ni politique, ni sociologique, elle est à la rigueur anthropologique, elle est avant tout plastique, elle nous place sur ce terrain précis de la culture. Il me semble indéniable que le monde est toujours plus anthropisé, humanisé. Le milieu humain, toujours plus omniprésent dans son artificialité, porte en lui l’accomplissement de la notion de paysage comme relation à la fois phénoménale et physique à l’espace construit « en tant que tel » : l’autonomie acquise, en quelque sorte, de la matérialité du dispositif paysager par rapport à sa fonction métaphorique (glissement de la métaphore naturaliste vers la fiction non narrative). Je me défends pourtant d’une téléologie du paysage : il ne peut s’agir que de l’illusion d’une téléologie fondée sur l’apparence d’un progrès de l’urbanisation, le progrès de son apparence. Comme le progrès indéniable de l’urbanisation porte en lui l’illusion du progrès de la civilisation, il porte en lui également l’illusion de l’accomplissement d’un dessein, son paysage. La sensibilité paysagère demeure, bien qu’elle ne soit plus forcément connotée comme représentation de la nature, sinon des « objets-mondes » comme nouvelle nature, nouveau monde. Ce monde est là, présent dans sa métamorphose. Fut-il urbain, réfère-t-il radicalement à l’artifice et non plus au seul registre de la nature, ce monde, la saisie de sa forme matérielle, tend vers l’esprit ; il est le support matériel objectif d’une émotion déplacée, actualisée, de la sensibilité paysagère. Le saccage des anciens paysages ne signifie pas la mort du paysage. Rome, plus à l’Est, trouve son passage.
Cordialement, Stéphane Lagré.
Concours international d’architecture / UGM – Centre d’art / Maribor / Slovénie / 2010 /
DATABLOCK / Mandataire commun : Stéphane Lagré (DATA0.10), & Pascal Riffaud, Benoit Fillon et Denis Brillet (BLOCK architectes)
Collaborateurs : Noémie Camus, Jean Chevalier, Nicolas Pineau
Concours UIA : MARIBOR 2012 / 02.2010
« La ville close du Moyen Âge est une forme urbaine intégrée, compacte, nettement délimitée qui se détache contrastivement sur un fond. Ce dernier a pour essence de n'être pas urbain ; c'est indistinctement la campagne ou la nature (Augustin Berque, Les raisons du paysage, p.134). »
UGM as a landmark
La ville close du moyen âge est compacte et se détache d’abord nettement sur un décor naturel, la campagne ou ici la montagne. Cette forme, en même temps qu’elle imprime la culture urbaine, c’est celle que Maribor a perdue en se modernisant, en s’étendant au-delà de ses frontières anciennes. Le projet de faire glisser la montagne par notre architecture dans la ville est une manière artificielle, paysagère, de renouer avec son aspect primitif. L’UGM devient un sol, une extension de l’espace public, qui inspirera et s’étendra à l’aménagement des berges de la Drava. Les différentes skylines des toits de la ville et des montagnes, retouchées par notre intervention architecturale, s’harmoniseront d’autant mieux qu’on les verra depuis la passerelle à construire : elle offre au paysage de la ville son meilleur point de vue quand on y descend pour passer la rivière. La forme de cet hybride de montagne et d’architecture a été générée par le déplacement d’un échantillon de la matière urbaine de la vieille ville, déformé par anamorphose sur le site. Cette opération réalise un compromis avantageux entre les échelles que proposent les contours de Maribor et des montagnes. Les fonctions habiteront cette forme trouvée, ce nouveau landmark.
In the popular imagery, the closed cities of the Middle-Ages are integrated, compact with clearly defined forms, remarkably surrounded by nature, countryside or, in this case, mountains. This imagery has been lost in Maribor following its modernization, extending beyond its original borders. The project is a drift. the mountain becomes an architecture, in an artificial manner, a landscape proposal. It renews with the primitive aspect of Maribor. Our project is a contemporary rewriting of the old urban model: based on scenery. It’s a contextual building which generates its own context. It’s a mix between the mountain scenery and the city skyline. It creates a physical and a cultural territory.The UGM becomes a land, an extension of the public space which will inspire and melt in the Drava’s embankment’s design. It will lead the city’s development at both, physical and cultural levels. The mountains’ skyline along with city roofs’ constructions, improved by our architectural intervention, will be harmonized better than one may see, from the footbridge to be built. It will offer the best point of view on the city landscape while coming down to cross the river. The shape, an hybridation of mountains and architecture, was generated by the displacement of a sample of the urban material, of the old city, deformed by anamorphosis on site. This operation carries out an advantageous scale compromise between the contours of Maribor and the mountains. In fact, all senses will revive in this refound form, this proposed new landmark. “Fonction follows form”, a form, taken as a “found object” is our landmark proposal. The idea is to build a link between the physical and the cultural and then to turn it into an inhabited place, in a primitive way, as punks taking over a place or as caveman did with their caverns.
Le projet consiste à habiter la forme d’un "objet trouvé", issue du contexte urbain, de cet ancien quartier de Beyrouth bordé par le "ring road". La forme du projet est donc une station service générique dont l’échelle est augmentée jusqu’à atteindre les limites que le prospect autorise. Ce geste nous permet d’inscrire notre projet sur un plan paysager. Le concept de paysage rassemble, ici, aussi bien le sens d’un rapport à un territoire physique (celui du centre ville de Beyrouth et plus particulièrement du quartier de Ghalghoul), qu’à un territoire culturel et esthétique (celui de la création contemporaine). Ainsi prélever un élément de territoire ordinaire, une station service, tout en augmentant son échelle de 600%, nous permet d’articuler le territoire banal et générique de l’autoroute à celui spectaculaire des skycrapers. De même Le détournement de l’objet trouvé fait parti de la création contemporaine autant au niveau des arts populaires que celui d’une culture plus savante. C’est pour nous le moyen de tisser des connivences avec les futurs usagers du MAC et de la ville en particulier, ainsi qu’avec le monde de la culture et de la création en général.
LAGRE STEPHANE – DATA0.10 – ARCHITECTE D.P.L.G ‘assistant’ professor at the National Superior School of Architecture in Nantes‘ 48 BD de la Prairie Au Duc, 44200 NANTES, FRANCE French architect, born in Nantes in May 1969 (Loire Atlantique, France) – studied in ‘l’Ecole d’Architecture de Nantes’ (National Superior School of Architecture in Nantes) and promoted as an architect DPLG (graduated by the government) with honor of the jury in June 1997 – registered in the national academy of registered architectes ‘Ordre des Architectes’ in March 1999.
1994 – participated in creating the project “Blockhaus DY 10”: In an old air-raid shelter of the Second World War ‘taken over’ in 1994, thoughts relating to its architecture, art in general and local music are developed. The underlining factor is laid on the experimenting action approached with sensitivity specific to the "space-experts". Artists, architects and musicians carried out ‘happenings’, calculated and worked out technical installations and took part in various contests such as ‘scenographies’.
1998 – ‘DATA0.10’ project starts in 1998 – (resulting from the ‘Blockhaus DY10’ creation): project set-up by myself and a ‘non formal’ group of enthusiastic creators. Today, Pascal RIFFAUD is one of the principal collaborators and created the label ‘BLOCK Agency’. Competed in various architectural contests of which "underwater base of Keroman" (one of the 22 submissions honored by the jury) in Lorient has international recognition.
2000 – assembly of a professional structure under sign DATA0.10 in November 2000: A close cooperation with work of Duncan Lewis (Scottish architect established in Angers, ) and the ‘BLOCK Agency’. This tripartide collaboration leads to the emergence of the group ‘SCAPE’. Participation has some exhibitions of French Association of Artistic Action and ARCHILAB 2001.
2002-2004 – architectural experience in Tokyo In 2002, a grant from the ministry of Japanese culture (BUNKACHO) allowed me to stay in Tokyo, between February 2002 and May 2004. I worked within the ‘MIKAN GUMI’ agency and the ‘S’ International Architects’ agency.
2005-2006 – participation in many international architectural competitions:
September 2005: Participation to the Europan_8 competition - “rue de Cambrai – Lille“ site’s. January 2006: Southpoint from ruin to rejuvenation Competition - the Emerging New York Architects Competition Comitee have chosen my submission to be included in the Awards Exhibition at the Center for Architecture in New York City. The submission has been selected as the Innovation and Delight project
March 2006: Gyeonggi-do Jeongok Prehistory Museum Competition – the submission has been selected as one of the honorable mentions winner among 346 submissions September 2006: National Library of the Czech Republic _ Praha Juin 2007: Europan 9 _ Competition _ Praha selected as one of the honorable mentions winner
RESUME
2008 CREATION DU COLLECTIF DATABLOCK - Centre de Recherche et de Développement de Solutions Architecturales et Urbaines Prospectives (Fondateurs : Data0.10, BLOCK architectes) 2005/2008 EINSEIGNANT à l’ENSA de Nantes 2005/2007 Participation Individuelle à plusieurs concours internationaux 2003/2004 Architecte au sein de l’agence ‘S’International Architects’, Tôkyô, Japon 2002/2003 Architecte au sein de l’agence ‘MIKAN GUMI’, Tôkyô, Japon 2002 LAUREAT DE LA ‘BUNKACHOO’, BOURSE DU MINISTERE JAPONAIS DE LA CULTURE 2000–2002 Création du groupe de recherche architecturale « ‘SCAPE » / Présent à ARCHILAB 2001, Orléans 2000 Création de la structure indépendante « Data0.10 » 1999–2000 Collaboration avec Duncan Lewis & Hervé Potin, architectes, Angers / Collaboration avec Gaëlle Peneau et Associés, architectes, Nantes / Animation du collectif « Data0.10 in Blockhaus DY10 » 1997 Architecte DPLG, ENSA, Nantes. À l’unanimité et avec les félicitations du jury. Inscrit à l’Ordre 1994 Création du laboratoire architectural ‘Blockhaus DY10’, appropriation d’un abri anti-aérien, Nantes 1989-1997 DEFA 1989/93, DPLG 1993/97 à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Nantes
1969 Né à Nantes, Loire Atlantique, France - nationalité française.
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« A cette heure, une femme hindoue qui regarde Anna Karénine pleure peut-être en voyant exprimer, par une actrice suédoise et un metteur en scène américain, l’idée que le Russe Tolstoï se faisait de l’amour.»
André Malraux (Appel aux intellectuels, 1948 - repris en postface aux Conquérants)
« Le buzz du moment reste le soutien apporté par Oprah Winfrey à la candidature de Barack Obama, dont elle pourrait doper la campagne pour les primaires de Janvier. L’influence sur l’opinion américaine de la présentatrice, star incontestée de la télévision US, est considérable ; On lui doit, simplement après avoir évoqué le livre dans une de ses émissions, d’avoir fait d’Anna Karénine un best Seller.»
Marie Colmant (La matinale de canal+, Mardi 11 Décembre 2007)
« Cela fait maintenant trois mois que je suis de nouveau installé à Nantes. J’écoute cette jolie japonaise en visioconférence sur Skype: Elle me parle de ce film Américain de 1935, téléchargé sur emule, qu’elle vient de visionner, en V.O. avec sous-titres en français, et dans lequel la divine Greta Garbo endosse le rôle de l’héroïne de Tolstoï. Le personnage d’Anna Karénine l’a à l’évidence bouleversée. Elle avoue avoir beaucoup pleuré. Comme toutes les asiatiques, Sawako est sentimentale. Derrière elle à l’image, la Web camera cadre un morceau de ce Tôkyô dont j’avais, ces deux dernières années, si souvent parcouru les rues, tenant tendrement cette jeune femme par la taille ; cette chambre de Meguro-ku dans laquelle nous nous sommes tant aimés et où je l’avais rejoint, succombant à ses charmes autant qu’aux promesses de l’exotisme, laissant derrière moi la France. Depuis la fenêtre de ce coûteux petit appartement résumé à une chambre, seule configuration dont le loyer est encore abordable dans cette ville, on aperçoit ce château de style Louis XIII de juste dix ans d’âge en brique et craie tuffeau, matériaux qu’on a fait venir pour l’occasion des régions de France les plus appropriées - même les ardoises viennent du Maine – dans un style que Mansart donnait aux Haras Nationaux du Pin ou plus précisément à Maisons-Laffitte, dont je me rappelle qu’en son temps le château de Franconville avait été une réplique et dont j’apprends l’existence récente d’un clone dans la banlieue de Pékin, qu’un riche propriétaire et homme d’affaire a fait bâtir et baptiser, hybridant ainsi son nom, Zhang Laffitte. Ce château avait été planté là sur Ebisu Garden Place à l’initiative du Groupe Sapporo, une marque célèbre de bière nippone, pour qu’y soit goûtée l’excellence de la cuisine Française des illustres Taillevent&Robuchon. Le jour se lève et en moi l’évidence: Hier nous partagions nos émotions dans des livres, nous partageons maintenant des paysages »
Stéphane Lagré (L’aveu au soleil qui se lève, Juillet 2004) «Nous déplacerons bientôt des paysages urbains» Stéphane Lagré, Promesse faite à l’éclypse de soleil , Juillet 2002 |
CULTURE ET DEPLACEMENT
CAHIER I – PROJET Etude à distance, dépaysée à kyôto, de Rome
J’ai découvert que Kyôto et Rome ne sont qu’une seule et même ville hantée par le spectre de Tôkyô, et que c’est seulement par ignorance qu’on les distingue. Dépayser l’étude d’une ville dans une autre dépaysante. Introduire l’idée d’évoluer dans une géographie urbaine objective l’esprit hanté par une géographie mentale construite - l’hybridation de la cartographie d’une ville avec celle d’une autre ville construit un spectre. De cette manière, à la fois provoquer de l’événement, produire expérimentalement des accidents, nourrir du projet et penser la dimension utopique de la ville. Voilà rapidement exposé le contenu de mon programme.
Les technologies de la communication sont devenues non seulement un moyen de connaissance mais aussi de rencontre – ce que sont les passions nouées à distance sur Internet le sera ici avec une ville d’Europe.
CAHIER II – SUITE Appréhender Rome avec une carte de Tôkyô
«Je est un autre» écrivait Rimbauld, «Je est plusieurs» pensait Deleuze ; mon projet noue le destin de deux villes, à la fois autres et plusieurs, sur lesquelles je projette des déplacements. Destin suspendu à un questionnement personnel : Existe-t-il une autre manière d’envisager le devenir de la ville historique? En reprenant une définition de la culture, penser le présent comme ce qui pourrait être autrement n’ouvre-t-il pas un potentiel de nouveauté pour le futur ? Dans une perspective expérimentale, je propose d’appréhender Rome avec une carte de Tôkyô: l’acte de dé-payser culturellement la ville m’offrirait une méthode d’exploration de ce potentiel.
CAHIER III – REPETITION Racines conceptuelles du déplacement généralisé
COMMENT LA DECOUVERTE PEUT ELLE AUSSI CONTENIR UN PROJET ? L’errance, la dérive, la cinéplastique Le remake, l’adaptation, la reprise
On repère un exemple désormais célèbre, au cinéma, de dépaysement culturel comme moyen d’atteindre un résultat convaincant : entre déplacement géographique et provocation conceptuelle, comment un sample du yojimbo d’Akira Kurosawa devient, détourné, Fistful of dollars de Sergio Leone, cette hybridation improbable des sensibilités européenne et japonaise à des accents d’Amérique. Plus que la légèreté d’un jeu, c’est une sorte de révélation, le dévoilement d’une méthode : tracer une telle ligne synthétique entre les cultures, pour atteindre le cœur fantasmé d’une autre. Cette version spaghetti du mythe de l’ouest allait régénérer le genre du western jusqu’ici réservé aux seuls américains, gardiens jaloux de leur mythologie.
Une ligne tangentielle passe entre deux cultures et fuit vers une troisième, idéale dans le brouillard du mythe. Il s’agit en fait d’une logique ternaire qui introduit, en plus du vrai et du faux, le possible, l’inconnu, le ni vrai ni faux.
Ils avancent dans le monde, fermement décidés à en modifier quelques détails
« A cette heure, un Sud-africain qui regarde A fistful of dollars s’exalte peut-être en voyant exprimer, par un acteur américain et un metteur en scène romain, l’idée que le japonais Kurosawa - s’inspirant librement d’Arlequin valet de deux maîtres, une pièce écrite au XVIII° siècle de Carlo Goldoni, auteur italien de théâtre de langues italienne, vénitienne et française - se faisait du héros de sensibilité individualiste : un personnage errant s’avance au hasard dans le monde, fermement décidé à en changer quelques détails. Ce remake - une production originale italo-germano-espagnole réalisée en 1964 -, qui transpose les paysages du japon profond - une petite ville située au nord de l'ancienne Tokyo à l’aube troublée de l’ère Meiji (1868/1912) dans le Yojimbo de 1961 - dans ceux de la frontière du Texas avec le Mexique à la charnière du XX° siècle (1872), a été tourné dans les paysages de l’Andalousie - la Sierra Nevada espagnole, la région d’Alméria - et quelques décors reconstitués dans les studios CineCittà de la banlieue de Rome. »
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